Victor Hugo (1802-1885), né à Besançon et mort à Paris, est un écrivain, poète, dramaturge, romancier, homme politique, peintre français. Pour certains, c’est le plus grand écrivain de la littérature française. Pour tous, c’est l’un des plus grands, un de ses grands poètes et plus grands romanciers, mais aussi le fer de lance du mouvement romantique en France. Ce qui frappe chez Hugo c’est l’unité du personnage combinée à l’extraordinaire densité et foisonnement de son œuvre. Hugo s’est essayé à tout, ou alors presque tout, mais son style, ses thèmes, sa passion n’ont guère varié.
Ainsi, il y plusieurs Hugo, et plusieurs façons d’observer les divers Hugo qui constituent le Hugo dont l’héritage irrigue l’âme française.
Hugo le poète
Il est précoce : « Je veux être Chateaubriand ou rien ». Il écrit des recueils de poésies dés l’adolescence, mais crée ses grandes œuvres plus tard, « Les Châtiments » (1853), « La légende des siècles » (1859), « Les contemplations » (1856). Rien qu’avec cela, il y aurait de quoi remplir dix vies littéraires, mais Hugo n’est pas un adepte du minimalisme. « La légende des siècles », œuvre monumentale, est censée résumer l’histoire du monde en une épopée. Il y a suffisamment de vie dans cet homme là pour un peuple entier ! Mais Hugo le poète, ce sont aussi et malheureusement ces poèmes que l’on fait étudier aux enfants des écoles, parce qu’il faut bien leur faire étudier du Hugo. Oui, voilà bien des décennies que l’enseignement littéraire donne sérieusement à réfléchir au Royaume de France. Le problème est simple : il faut étudier Hugo. Oui, mais quoi ? « Les Misérables », « Notre Dame de Paris », trop long ; « Les Contemplations », « Les Châtiments », « La Légende des Siècles », trop long et langage trop difficile, « Hernani », « Ruy Blas »…cela ne se lit plus. Restent les poèmes du Hugo grand-père, avec son côté gentil et rassurant.
Hugo le romantique
Cet Hugo est moins connu de nos jours, alors que c’est ce qui le lance sur la place publique. D’abord, il y a la fameuse préface de Cromwell, une profession de foi du Romantisme à la française. Car le Romantisme à la française n’a pas grand-chose à voir, estiment Les Editions de Londres, avec le Romantisme à l’allemande, que EDL considère (sûrement à tort pour les experts du Romantisme) comme étant la pierre dans laquelle est scellée l’épée Excalibur du Romantisme. Le Romantisme allemand, ce sont des eaux-fortes, des forêts aux arbres gigantesques, des ruines au clair de lune, le modèle esthétique et rêvé d’un Moyen-Âge chevaleresque où le surnaturel et le démoniaque vont à la rencontre de l’humain, la tentation du suicide pour en finir avec l’écart entre la réalité mesquine et l’idéal de l’homme romantique. Le Romantisme français est selon nous plus terre-à-terre. Déjà le Surnaturel n’est pas quelque chose que l’esprit fondamentalement cartésien du Français accepte facilement. Le Romantisme français est plus une expression généreuse d’un idéal social qui part dans tous les sens, avant tout un chant de liberté, qui se débat entre les griffes du Classicisme, celui qui fonde la France au Dix Septième siècle. Dans la fameuse préface de Cromwell, Hugo décrit le Romantisme d’une façon qui (selon Les Editions de Londres) n’a pas grand-chose à voir avec le Romantisme mais beaucoup à voir avec Hugo : « …que si nous avions le droit de dire quel pourrait être, à notre gré, le style du drame, nous voudrions un vers libre, franc, loyal, osant tout dire, sans pruderie…sachant briser à propos. » Puis, il y a la bataille d’Hernani en 1830 qui résume bien ce qu’est en réalité le Romantisme à la française, de nouveaux habits dont se parent de jeunes auteurs rêvant de la Révolution française et partant à l’assaut du conservatisme littéraire hexagonal, réalité dont nous souffrons toujours aujourd’hui et que les Editions de Londres se sont données pour mission de démolir : « Votre mission, si vous l’acceptez »
Hugo le romancier
« Les Misérables », « Notre Dame de Paris », « Quatrevingt treize »…Les deux premiers ouvrages, écrits à des époques très différentes de sa vie (1831 pour NDDP, et 1862 pour Les Misérables), sont parmi les plus connus de la littérature française. L’adaptation des Misérables pour le West End y est pour beaucoup.
Hugo le politique et l’écrivain engagé
Très tôt Hugo exprime son dégoût de la peine capitale. « La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. ». Comme Elisée Reclus il écrira sur le sujet : Le dernier jour d’un condamné, discours devant l’Assemblée constituante… Il s’insurgera pendant toute sa vie contre les pouvoirs illégitimes, la misère sociale, la société de classes, les tyrans, la violence… Si Hugo est un vrai libre-penseur, il trouve ses limites sur le terrain de l’action politique. Plutôt conservateur, ce que l’on appellerait de nos jours un conservateur éclairé, qui veut le progrès social d’une façon évolutive, il fait preuve de courage à de nombreuses reprises, mais fait aussi preuve d’un manque de discernement qui ternira ses ambitions extra littéraires. Ainsi, pour EDL, Victor Hugo est l’exemple type du libre-penseur idéaliste, qui se distingue du libre-penseur tout court, lequel n’a pas une vision a priori optimiste de la société et des intentions humaines. Ce qui a manqué à Hugo, c’est probablement cette petite dose de réalisme cynique, qui lui aurait permis de reconnaître le fourbe et le perfide en Louis Napoléon Bonaparte, dont il soutint la candidature à l’élection présidentielle. Alors, Hugo le géant littéraire, sans aucun doute ! EDL a bien conscience du ridicule qui consiste à en parler en quelques lignes. Hugo le clair-obscur, oui aussi, Hugo le clairvoyant, pas toujours. Pourtant, et c’est ainsi que nous terminerons : il y a surtout
Hugo le visionnaire
Si le débordement de vie et d’amour pousse vers l’idéalisme il peut être préjudiciable à l’appréhension de la réalité immédiate : Louis Napoléon, la Commune, la guerre franco-russe… Mais faisons l’inventaire :
La peine de mort : abolie cent cinquante ans après la publication du « Dernier jour d’un condamné. »
La colonisation : l’Algérie est indépendante.
La redistribution : l’un des fondements de la politique économique d’après-guerre.
Le suffrage censitaire : disparu au début du siècle.
Les Etats-Unis d’Europe : vingt sept pays unis par un même drapeau.
Alors, oui, c’est une légende. Oui, c’est le plus grand.
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